L'AMITIE avec un très grand A

L'Amitié telle que je l'entends est un sentiment et également un bien très précieux et aussi fragile à cultiver que l'Amour, si ce n'est plus... je le mesure souvent.

Les collègues qui se disaient amies ou amis, n'étaient pour la plupart que de bons collègues.
Après 7 ans loin de Paris, il en reste certes, avec lesquelles s'échangent parfois quelques coups de fils ou des e.mails, mais ça ne ressemble même pas de loin à de l'Amitié. De leur part tout juste une curiosié de savoir comment la Parisienne que j'étais a réussi ou non à s'adapter à sa vie de provinciale. Mais plus souvent encore j'ai droit à des questions beaucoup moins désintéressées, elles viennent glaner quelques renseignements qui pourraient les aider à faire leurs placements de table ou superviser un devis de traiteur lors d'un mariage ou d'un grand repas de famille... C'est très réducteur. Moi j'appelle cela de l'opportunisme.

Il en est même une qui me téléphonait tous les jours, prenant rendez-vous d'un jour sur l'autre comme avec un thérapeute. Je l'ai soutenue psychologiquement pendant un an et une fois sortie d'affaire, elle m'a totalement oubliée... un peu comme dans le Voyage de Monsieur Périchon : C'est classique, on préfère oublier celui ou celle qui fut témoin de sa propre faiblesse. Je n'en éprouve aucune aigreur, loin de là, je me contente de constater les faits, légèrement désabusée !

Ici en Normandie, j'ai de nombreuses relations, plus ou moins présentes et inégalement chères mais y a-t-il dans tout cela une véritable amitié ?
S'interroger c'est déjà y répondre. Je suis devenue lucide !

En dehors sans doute de mes amis Crémone et Marcel et aussi de Pierre, qui me sont devenus proches, par les confidences mutuelles que nous nous sommes faites, par nos intérêts communs pour beaucoup de sujets, par des sensibilités et un affectif que je connais bien pour avoir enfoui les mêmes en moi...
... la véritable amitié je sais que je ne l'ai rencontrée qu'avec eux, et bien sûr dans les liens du sang : ma fille, mes petits-enfants, et ma soeur.

Certaines m'ont "choisie", décidant que j'étais "leur" amie, allant même jusqu'à me harceler, mais c'était sans demander mon avis.
On ne devient pas l'amie de quelqu'un sur commande, simplement parce que cette personne le décide. Il faut que le sentiment soit réciproque, qu'il se tisse au fil du temps. Car il s'agit bien de sentiment que l'on ne peut pas galvauder.

L'Amitié est fort rare et nous tombe dessus, sans que l'on s'y attende : "parce que c'était Lui, parce que c'était Moi"...
N'est pas "Montaigne et La Boétie" qui veut !

Alors quand cette amitié sincère et forte est réciproquement partagée, elle est indéfectible.
On sait que l'ami a besoin de nous, avant même ou presque qu'il ne l'exprime... c'est beau et je l'ai dit en ouverture,

c'est fragile, délicat et mérite d'être cultivé avec art, patience et respect.

Celles qui m'acceptent plus ou moins telle que je suis, celles que j'énerve souvent, mais qui me restent attachées contre vents et marées, l'une à qui je raccroche au nez parfois et qui ne m'en tient pas rigueur (enfin pas bien longtemps), l'autre auprès de laquelle je pleure lorsque je me suis lâchée et que je le regrette...
Celles pour qui la réciproque chez moi est tout aussi forte, ces amies avec lesquelles j'ai traversé les épreuves de la vie, les leurs et les miennes qui sont devenues les nôtres. Ces amies là sont une part de moi : ma fille et ma soeur.

Elles me sont complémentaires et fusionnelles.
Je leur dédie ce bouquet de tulipes, fleurs qu'elles aiment l'une et l'autre.